Anthony MOREL

À la poursuite des 30 géants de DON QUICHOTTE

MONTÉLIMAR - Centre ville

Galerie LE QUAI

Tous les jours : 14h – 19h

17 boulevard du Fust
C’est le titre que j’ai donné à ma dernière série réalisée avec la dernière chambre photographique que j’ai fabriquée : le 3°OEIL-D3. J’y fais référence au héros de Miguel Cervantès dans le livre El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha. Un ingénieux personnage obsédé par les récits médiévaux qui, dans sa douce folie, se réfugie dans ses illusions et transforme des moulins à vent en géants menaçants… L’origine de ce travail remonte à l’enfance. Tout a commencé alors que j’avais à peu près 10 ans, je rêvais de devenir explorateur ou aventurier. Je grimpais dans les arbres de la forêt qui bordait ma maison. C’était de grands sapins dans lesquels j’escaladais jusqu’à la cime pour me laisser balancer par le vent. Mon regard s’ouvrait sur une surface végétale à perte de vue et laissait découvrir les silhouettes inquiétantes de structures toutes reliées entre elles comme pour fracturer le paysage. J’étais un enfant sauvage, curieux de comprendre comment tout fonctionnait, je démontais tout pour voir, comprendre et réinventer. Quand je me baladais, j’étais heurté de rencontrer, au beau milieu des bois, les lignes à haute tension, métalliques et triangulées. Je me réfugiais sous les grandes racines des souches que l’on trouvait régulièrement sur le trajet des pylônes. La souche devenait l’habitacle d’un véhicule imaginaire qui me permettait de me défendre contre les « géants ». Dans cette série, je travaille sur l’omniprésence des infrastructures de génie civil érigées au gré du développement de notre société sur la nature. Cette série se concentre sur le territoire dans lequel je vis actuellement entre plaine de la Durance et Vallée du Rhône. L’ensemble des objets que j’y représente (pylônes, ponts, éoliennes, conduites forcées, barrages) traduisent un sentiment d’ambivalence. Ils sont à la fois un symbole du progrès et du confort dont nous profitons tous et constituent aussi malheureusement les traces visibles des principales causes du déclin environnemental que nous connaissons actuellement.
«Le travail d’Anthony Morel est une hybridation entre techniques archaïques et pleine exploitation des possibilités contemporaines liées au digital dans une pratique écoresponsable faite de recyclage, récupération et glanage.» Peggy Calvez-Allaire Directrice artistique du festival «l’Emoi Photographique» Je développe depuis plusieurs année une pratique artistique écoresponsable qui met en question, aussi bien la chaîne de production de l’image photographique que notre manière d’être au monde face aux enjeux environnementaux. Je fabrique mon matériel de prise-de-vue. Je détourne actuellement des scanners à défilement autonome pour produire des chambres numériques, essentiellement à partir de matériaux de récupération : scanners, moteurs, lentille de rétroprojecteur… J’imprime des négatifs papiers sur les traceurs utilisés pour les plans d’architecture, je les huile ensuite pour les rendre translucides. Vient finalement le tirage de l’image ; Je réinterprète les procédés photographiques préindustrielles du 19° siècle. J’utilise principalement comme sensibilisateur le citrate de fer que je fais réagir à des ressources naturelles que je prélève sur mes lieux de prises-de-vue. J’exploite par exemple les tanins issus de certaines plantes que je cueille et transforme pour les intégrer à la chimie douce des développements ferriques. Dans ma dernière série, je me réapproprie la technique de l’oléotypie en supprimant l’utilisation des bichromates et en fabriquant moi-même une encre grasse à base de charbon de canne de Provence que je cueille et transforme sur les territoires que je photographie.

Après une formation en arts plastiques à l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence (DNSEP en 2005), j’ai travaillé plusieurs années pour des plasticiens et des centres d’art en tant qu’assistant, régisseur et photographe. En 2012, à la naissance de ma fille, j’ai décidé de me consacrer davantage à ma pratique personnelle et me suis réorienté vers l’enseignement. J’ai obtenu un master en recherche arts plastiques en 2013 et un CAPES d’arts plastiques en 2014. Depuis, je partage ma vie professionnelle entre transmission et pratique artistique. Depuis quelques années, j’interviens aussi auprès d’étudiant, associations pour proposer des actions (workshop, conférences liés aux spécificités de ma pratique photographique.
Je diffuse mon travail en France et à l’international dans le cadre d’expositions personnelles, collectives et festivals. J’ai été lauréat des Regards Croisés du festival PHOT’AIX en 2017 à Aix- en-Provence, j’ai participé à la biennale internationale de Zheng Zhou en Chine (China International Photography Art Festival) en 2018. Mon travail a dernièrement fait l’objet de publications dans les belles revues Halogénure N°07 ainsi que dans BOP Photo Analogies #05.
Mon travail est aussi représenté par la Galerie Parallax (Aix-en-Provence).

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