Projection de portfolios
Sélection 2020
69.13° n 51.06° w
Les coordonnées géographiques « 69.13° N 51.06° W » désignent sur le globe terrestre la position exacte du fjord de Sermeq Kujalleq à l’ouest du Groenland. Le long de la baie, là où les hommes vivent, les maisons et les églises de bois déclinent leurs façades rouges ou marrons, les barques attendent d’être réparées, les usines se sont installées.
Face à la mer, l’homme contemple les blocs de glace qui glissent lentement à la surface au moment de la fonte de la calotte. C’est l’été. Autour de lui, dans le silence du Grand Nord, l’espace immense se fissure au son des blocs qui se détachent et s’enfoncent dans l’eau. Seul, l’homme rêve à ce désert blanc où du cœur d’un ciel infini lui revient l’écho d’une chute mille fois répétée.
L’été se termine bientôt. Sous la surface grise de l’horizon, là où la mer et le ciel se confondent, l’eau bruit peut-être de la glace qui commence à se reformer, des éléments qui continuent leur lente évolution. Au loin, derrière la façade des maisons, l’homme regarde ses bateaux briser la banquise et se perdre à l’horizon.
Dans cette série, je constate de la déliquescence du monde arctique : sous une lumière douce, diffuse et virginale, les modes de vie ancestraux font place à une société consumériste. L’épure de formes et de couleurs met alors en exergue -en une fulgurante évidence les dégâts irrémédiables qui en résultent : le cadre de vie mute, le climat change, les glaces se désagrègent. En une lente torpeur, la Terre et l’Homme se fissurent, c’est une mort blanche annoncée.
Né en 1971 Boris Gayrard a été formé à l’ESRA de Paris et à l’ETPA de Toulouse. Il a derrière lui une courte mais dense carrière photo journalistique qui le conduit d’Haïti au Moyen-Orient en passant par l’Afrique et l’Asie. Parallèlement à son travail de photographe, il mène une carrière de spécialiste en tirage d’art graphique numérique.
Son travail repose sur les limites de la photographie documentaire, il tente de se placer face à une subjectivité la plus totale. Le paysage est fragmenté, il le découpe, l’épure, le contorsionne, élimine le superflu pour ne conserver que l’essentiel , l’émotion brute ressentie lors de la prise de vue.